La Vallée des chevaux Read online

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  Les deux frères étaient aussi différents que le jour et la nuit. D’humeur insouciante, aimant plaisanter et rire, Thonolan était le bienvenu partout en se faisant facilement des amis. Jondalar était plus sérieux que son frère, plus réfléchi et il fronçait souvent les sourcils d’un air inquiet. Il appréciait la compagnie de son frère, qui l’amusait.

  — Qui te dit que, quand nous rentrerons, Marona n’aura pas déjà ramené un petit à mon foyer ? fit-il en aidant son frère à rouler le tapis de sol en cuir qui, tendu sur une seule perche, pouvait leur servir également d’abri.

  — Qui te dit qu’elle n’aura pas décidé que mon insaisissable frère n’est pas le seul homme digne de profiter de ses charmes bien connus ? Elle sait comment y faire pour plaire à un homme – quand elle veut. Dommage qu’elle ait aussi mauvais caractère... Même si elle n’est pas commode, Doni seule sait le nombre d’hommes qui auraient bien voulu d’elle ! Mais il n’y a que toi qui sois capable de la mettre au pas, Jondalar. Pourquoi ne t’es-tu pas uni à elle ? Tout le monde attend ça depuis des années.

  Jondalar fronça les sourcils et le bleu vif de ses yeux s’assombrit.

  — Peut-être justement parce que c’était tout ce que tout le monde attendait, répondit-il. Je n’en sais rien, Thonolan, honnêtement, j’espère toujours m’unir à elle. Qui d’autre pourrais-je choisir comme compagne ?

  — Qui ? Celle que tu veux, Jondalar ! Dans toutes les Cavernes, il n’y a pas une femme libre qui laisserait passer la chance de s’unir à Jondalar des Zelandonii, frère de Joharran, chef de la Neuvième Caverne, et de Thonolan, le courageux et fougueux aventurier.

  — Tu oublies : fils de Marthona, fondatrice de la Neuvième Caverne, et frère de Folara, qui promet d’être une belle fille dès qu’elle aura grandi, ajouta Jondalar en souriant. Et si tu as décidé de faire la liste de toutes mes attaches, n’oublie pas les élues de Doni...

  — Qui pourrait les oublier ? demanda Thonolan en s’approchant des fourrures de couchage coupées à la taille d’un homme, lacées par deux sur les côtés et au fond et munies d’un lacet autour de l’ouverture.

  Les deux hommes se mirent alors à remplir leurs sacs. Rigides et évasés vers le haut, ils avaient été fabriqués avec du cuir brut et épais, fixé sur des lames de bois et ils étaient munis de deux courroies en cuir que l’on passait sur les épaules. Sur chacune de ces courroies, il y avait une rangée de boutons en ivoire qui permettaient d’en régler la longueur. Chaque bouton était fixé grâce à un lacet enfilé dans le trou central et noué à un second lacet qu’on faisait passer à travers le même trou, et ainsi de suite.

  — A un moment donné, reprit Thonolan, j’ai pensé que tu t’unirais à Joplaya.

  — Tu sais bien que je ne peux pas m’unir à elle, rappela Jondalar. Joplaya est ma cousine. En plus, elle est tellement taquine qu’il est impossible de la prendre au sérieux. Nous sommes devenus très bons amis quand je suis allé vivre chez Dalanar pour apprendre mon métier. Il lui apprenait à tailler le silex en même temps qu’à moi. Elle est une des meilleures tailleuses de silex que je connaisse. Mais ne va surtout pas lui répéter ! Entre nous, c’était toujours à qui surpasserait l’autre et elle ferait des gorges chaudes de ce que je viens de te dire.

  Jondalar était en train de soulever la lourde poche en cuir qui contenait ses outils de tailleur de silex et quelques rognons de silex d’avance. Il pensait à Dalanar et à la nouvelle Caverne qu’il avait fondée. Les Lanzadonii étaient de plus en plus nombreux. Depuis que Jondalar était parti, leur nombre s’était encore accru. Ils ne vont pas tarder à fonder une Deuxième Caverne, songea-t-il en plaçant la poche en cuir dans son sac. Puis il y rangea les ustensiles de cuisine et la nourriture. Il plaça ses fourrures de couchage et la tente sur le dessus et glissa deux perches dans un étui fixé à gauche de son sac. La troisième perche, c’est Thonolan qui s’en chargeait, ainsi que du tapis de sol. Les deux frères portaient chacun quelques sagaies, glissées dans un étui spécial, à droite de leur sac.

  Les sacs prêts, Thonolan remplit de neige sa gourde. Lorsqu’il faisait très froid, comme cela avait été le cas alors qu’ils traversaient le haut plateau glaciaire, Thonolan était obligé de transporter cette gourde à l’intérieur de sa pelisse, directement contre son corps, pour que son contenu ne gèle pas : sur un glacier, en effet, il n’y avait rien pour faire du feu. Ils avaient maintenant laissé le glacier derrière eux mais ils étaient encore trop haut pour espérer trouver un cours d’eau qui ne soit pas pris par les glaces.

  — Je suis drôlement content que Joplaya ne soit pas ma cousine, dit Thonolan en levant la tête vers son frère. Franchement, je m’unirais bien à elle. Tu ne m’avais pas dit à quel point elle était belle. Il n’y a pas une femme qui lui arrive à la cheville et, quand elle est là, tous les hommes ont les yeux fixés sur elle. Heureusement que Marthona, notre mère, avait pour compagnon Willomar quand je suis né et qu’elle ne vivait plus avec Dalanar. Au moins, ça me laisse une chance...

  — C’est vrai qu’elle est devenue très belle. Cela faisait trois ans que je ne l’avais pas vue. Je pensais qu’elle avait déjà trouvé un compagnon. Je suis content que Dalanar ait décidé d’emmener cette année les Lanzadonii à la Réunion d’Été des Zelandonii. Avec une seule Caverne, les Lanzadonii n’ont pas beaucoup de choix. La Réunion devrait permettre à Joplaya de rencontrer d’autres hommes.

  — Marona va avoir une sacrée rivale ! Je regrette presque de ne pas pouvoir assister à la rencontre de ces deux-là. Marona a l’habitude d’être la plus belle de la bande et elle ne va pas tarder à haïr Joplaya. Comme, en plus, tu ne seras pas là, elle risque de ne pas tellement apprécier la Réunion d’Été cette année.

  — Tu as raison, Thonolan. Elle va souffrir et elle sera furieuse, et je la comprends. Même si elle a mauvais caractère, c’est une femme de qualité et elle mérite un bon compagnon. Et elle sait s’y prendre pour plaire à un homme. Je crois que j’étais vraiment décidé à nouer le lien, mais maintenant que je ne la vois plus, je ne sais plus très bien... conclut Jondalar en attachant une ceinture autour de sa pelisse après y avoir placé sa gourde.

  — J’aimerais que tu me dises quelque chose, intervint Thonolan, l’air soudain sérieux. Quel effet cela te ferait-il si elle décide de s’unir à quelqu’un d’autre pendant ton absence ? Tu sais que c’est très possible.

  — Cela me fera de la peine et mon orgueil en souffrira aussi, reconnut Jondalar. Mais je ne lui en voudrai pas. Je pense qu’elle mérite de rencontrer quelqu’un de mieux que moi. Quelqu’un qui ne la laissera pas tomber pour accomplir le Voyage au dernier moment. Et si elle est heureuse, j’en serai content pour elle.

  — C’est bien ce que je pensais, dit Thonolan. (Il ajouta avec un sourire malicieux :) Si nous voulons échapper à la donii qui nous court après, nous avons intérêt à nous mettre en route.

  Thonolan finit de charger son sac. Puis, relevant sa pelisse, il sortit son bras de la manche et suspendit sa gourde à son épaule.

  La pelisse en fourrure des deux frères avait été fabriquée selon un modèle très simple. Deux morceaux de peau à peu près rectangulaires, attachés ensemble sur les côtés et aux épaules, auxquels étaient cousus deux rectangles plus petits, pliés et cousus pour former deux tubes qui faisaient office de manches. Les pelisses avaient un capuchon, attaché aussi dans le dos et bordé de fourrure de glouton pour que la condensation provoquée par la respiration n’y reste pas accrochée sous forme de glace. Elles étaient richement décorées de perles en os, d’ivoire, de coquillages, de dents d’animaux, ainsi que de queues d’hermine, blanches à bout noir. Elles s’enfilaient par-dessus la tête, pendaient en plis lâches, comme des tuniques, et descendaient jusqu’au milieu des cuisses. Une ceinture permettait de les resserrer à la hauteur de la taille.

  Sous leur pelisse, Thonolan et son frère portaient une peau de daim taillée sur le même modèle et des pantalons en fourrure, avec un rabat sur le devant, qu’une lanière en cuir retenait autour de la taille.
Leurs moufles en peau retournée étaient attachées à un long cordon passé dans une boucle cousue au dos de la pelisse, si bien qu’ils pouvaient les enlever rapidement sans risquer de les perdre. Leurs bottes avaient une semelle épaisse qui, comme pour les mocassins, se rabattait autour du pied. Sur cette semelle était attachée une peau plus souple qui épousait les contours de la jambe et qui, rabattue, était maintenue en place à l’aide d’une lanière. A l’intérieur de leurs bottes, ils glissaient une doublure de laine de mouflon, mouillée et foulée jusqu’à obtenir du feutre. Lorsque le temps était particulièrement humide, ils portaient par-dessus leurs bottes un boyau d’animal, imperméable et adapté à la forme de leur pied. Cette protection s’usant très vite, ils ne s’en servaient que rarement, en cas d’absolue nécessité.

  Jondalar venait de prendre une hache en silex, au manche court et solide, et il était en train de la passer dans une boucle de sa ceinture, à côté de son couteau en silex au manche en os, quand il demanda à son frère :

  — Jusqu’où comptes-tu aller ? Quand tu as dit que tu comptais descendre la Grande Rivière Mère jusqu’à son embouchure, tu ne parlais pas sérieusement ?

  — Mais si ! répondit Thonolan, qui était en train d’enfiler ses bottes.

  Pour une fois, il ne plaisantait pas.

  — Mais alors nous risquons de ne pas être rentrés pour la Réunion d’Été de l’année prochaine !

  — Es-tu en train de changer d’avis, Frère ? Tu n’es pas obligé de m’accompagner. Je ne t’en voudrai pas si tu décides de rebrousser chemin. De ta part, c’était une décision de dernière heure. Et tu sais aussi bien que moi que nous risquons de ne jamais rentrer chez nous. Si tu veux me quitter, fais-le maintenant ! En plein hiver, tu ne pourras jamais retraverser le glacier.

  — Ce n’était pas une décision de dernière heure, Thonolan. Je songeais depuis longtemps à entreprendre un Voyage et le moment m’a semblé particulièrement bien choisi.

  Le ton adopté par Jondalar laissait entendre qu’il ne reviendrait pas sur sa décision mais on y sentait aussi une légère trace d’amertume qui n’échappa pas à son frère.

  — Je n’ai encore jamais fait un vrai Voyage, reprit Jondalar, sur un ton plus léger. C’est maintenant ou jamais. Mon choix est fait, Petit Frère. Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça.

  Le ciel était dégagé et le soleil, qui se reflétait sur la neige immaculée, aveuglant. On était au printemps mais, compte tenu de l’altitude, le paysage n’en laissait rien paraître. Jondalar fouilla dans un des petits sacs suspendus à sa ceinture pour y prendre une paire de lunettes protectrices. Taillées dans du bois, elles recouvraient complètement les yeux à l’exception d’une étroite fente horizontale et s’attachaient derrière la tête. Après avoir mis ses lunettes, Jondalar, d’un rapide mouvement de pied, enfila ses raquettes, dont il attacha les courroies autour de ses orteils et de la cheville. Puis il saisit son sac.

  Les raquettes avaient été faites par Thonolan. Son métier consistait à fabriquer des sagaies. Il avait d’ailleurs emporté avec lui son redresseur de sagaie favori, un merrain débarrassé de ses andouillers à l’extrémité duquel il avait percé un trou. Il avait décoré cet outil de tout un fouillis d’animaux et de plantes printanières, en partie pour honorer la Grande Mère et La prier d’attirer l’esprit des animaux vers les sagaies de sa fabrication, mais aussi parce qu’il prenait plaisir à graver. Le redresseur était indispensable pour remplacer les sagaies perdues à la chasse. Il servait tout particulièrement pour l’extrémité – là où la main n’avait pas de prise suffisante – qui, insérée dans le trou, était rectifiée par effet de levier. Thonolan savait travailler le bois, chauffé au contact de pierres brûlantes ou à la vapeur, pour redresser ses traits comme pour, au contraire, cintrer des tiges destinées à faire des raquettes.

  Jondalar se retourna pour voir si son frère était prêt. Celui-ci hocha la tête et ils s’engagèrent alors sur une pente qui, tout en bas, aboutissait à une rangée d’arbres. Sur leur droite, au-delà des terres couvertes de forêts, ils apercevaient les contreforts montagneux recouverts de neige et, plus loin, les hauts sommets déchiquetés de l’immense chaîne de montagnes. Au sud-est, un pic solitaire et plus haut que ses voisins étincelait au soleil.

  En comparaison, la région montagneuse qu’ils venaient de traverser avait presque l’air d’une colline. Elle appartenait à un massif largement érodé et bien plus ancien que la chaîne dont ils apercevaient les sommets dentelés. Ce massif était malgré tout suffisamment élevé pour être lui aussi couvert de glace en altitude tout au long de l’année. Plus tard, quand le glacier continental aurait rejoint son habitat polaire, cette région montagneuse serait recouverte de sombres forêts. Pour l’instant, elle formait un plateau glaciaire, une version en miniature de l’épaisse couche de glace qui recouvrait le nord.

  Quand les deux frères furent arrivés à la hauteur des arbres, ils enlevèrent leurs lunettes qui protégeaient de la réverbération du soleil mais limitaient la visibilité. Un peu plus bas, ils rencontrèrent un petit torrent. Né de la fonte des glaces, il s’était infiltré dans des crevasses rocheuses, avait coulé sous terre et émergeait à cet endroit, débarrassé de sa boue. Son eau limpide étincelait sous le soleil printanier.

  — Qu’en penses-tu ? demanda Thonolan en montrant le torrent à son frère. C’est à peu près là que Dalanar a dit qu’elle devait se trouver.

  — Nous n’allons pas tarder à le savoir. Dalanar a dit que le jour où nous aurons atteint l’endroit où convergent trois rivières qui se dirigent vers l’est, nous saurions que nous suivons la Grande Rivière Mère. D’après moi, la plupart de ces petits cours d’eau ont des chances de nous mener dans la bonne direction.

  — Tu as raison. Restons du côté gauche. Plus tard, ce sera peut-être plus difficile de traverser.

  — Les Losadunaï vivent sur la rive sud, rappela Jondalar. Et nous pourrions peut-être nous arrêter dans une de leurs Cavernes. La rive nord est censée être le territoire des Têtes Plates.

  — Ne nous arrêtons pas chez les Losadunaï, proposa Thonolan. Ils vont nous demander de rester chez eux et nous nous sommes déjà suffisamment attardés chez les Lanzadonii. Si nous ne les avions pas quittés à temps, la saison aurait été trop avancée, et au lieu de traverser le glacier, nous aurions été obligés de le contourner par le nord. Et là, en effet, nous aurions croisé le territoire des Têtes Plates. Je tiens à continuer et je pense que nous sommes maintenant suffisamment au sud pour ne plus risquer de les rencontrer. De toute façon, quelle importance ? Tu ne vas pas me dire que tu as peur de quelques malheureux Têtes Plates. Il paraît que tuer un Tête Plate, c’est comme de tuer un ours.

  — Je n’ai pas particulièrement envie de me retrouver nez à nez avec un ours, répondit Jondalar en fronçant les sourcils. J’ai entendu dire que les Têtes Plates étaient intelligents et qu’ils étaient presque humains.

  — Intelligents, peut-être... Mais pas humains puisqu’ils sont incapables de parler.

  — Ce ne sont pas les Têtes Plates qui m’inquiètent, Thonolan. Je pense simplement que les Losadunaï connaissent la région et qu’ils peuvent nous indiquer la bonne route. Nous pouvons faire halte chez eux juste le temps qu’ils nous fournissent quelques points de repère et nous expliquent ce qui nous attend. D’après Dalanar, certains d’entre eux parlent le zelandonii. Nous n’aurons aucun mal à nous comprendre.

  — D’accord ! Si tu penses que ça vaut mieux.

  Le torrent était déjà trop large pour qu’ils puissent le franchir. Ils aperçurent alors un tronc d’arbre tombé en travers du cours d’eau et qui formait un pont naturel, et s’en approchèrent, Jondalar en tête. Il s’engageait sur des racines apparentes de l’arbre quand soudain Thonolan, qui regardait autour de lui en attendant son tour, lui cria :

  — Jondalar ! Attention !

  Une pierre lui frôla la tête en sifflant. Aussitôt, il se laissa tomber et saisit une de ses sagaies. Thonolan s’était accroupi, les yeux fi
xés sur l’endroit d’où était partie la pierre. Lorsque les branches nues et enchevêtrées d’un buisson tout proche bougèrent, il lança son arme. Il s’apprêtait à jeter une seconde sagaie quand six êtres émergèrent des broussailles.

  — Des Têtes Plates ! cria-t-il en reculant pour mieux viser.

  — Attends ! cria son frère. Ils sont trop nombreux.

  — Le costaud a l’air d’être le chef de la bande. Si je réussis à l’atteindre, les autres prendront peut-être la fuite.

  — Non ! Ils vont se ruer sur nous avant que nous ayons le temps de les viser à nouveau. Pour l’instant, ils se tiennent à distance et ne font pas mine d’avancer. (Jondalar se releva, tenant toujours sa sagaie.) Ne bouge pas ! conseilla-t-il à son frère. Attendons. Et ne quitte pas le costaud des yeux. Il a très bien compris que c’est lui que tu vises.

  Jondalar dévisageait le costaud et avait l’impression déconcertante que les grands yeux bruns étaient aussi en train de l’étudier. C’était la première fois qu’il voyait des Têtes Plates d’aussi près et il était surpris car ils ne correspondaient pas à l’idée qu’il s’en faisait. Les yeux qui l’observaient étaient enfoncés dans des orbites proéminentes, accentuées par des sourcils broussailleux. Le nez aux larges narines, mais étroit en haut, comme une sorte de bec, les faisait apparaître encore plus enfoncés. Le visage disparaissait sous une barbe épaisse et légèrement bouclée. En observant un autre Tête Plate, plus jeune et dont la barbe commençait juste à pousser, Jondalar s’aperçut qu’il n’avait pas de menton, simplement une mâchoire saillante. Quant à leurs cheveux, bruns, ils étaient tout emmêlés, comme leur barbe. Et ils semblaient très poilus, surtout en haut du dos.

  C’était facile à voir puisque leur vêtement en fourrure ne couvrait que le torse, laissant les bras et les épaules nus malgré la température presque glaciale. Ce qui surprenait Jondalar, ce n’était pas qu’ils soient aussi peu sensibles au froid, mais le fait qu’ils portent des vêtements. Avait-on jamais vu un animal se vêtir et porter des armes ? Car les Têtes Plates étaient armés. Ils avaient des lances en bois, certainement utilisées pour porter un coup plutôt que comme armes de jet, mais dont l’extrémité pointue ne laissait aucun doute sur leur efficacité. Certains portaient sur l’épaule le tibia d’un herbivore de grande taille, qui leur servait de massue.