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Les refuges de pierre Page 4
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Les deux ou trois premiers pieds des murs extérieurs étaient en calcaire. Des blocs assez gros avaient été grossièrement équarris et placés de chaque côté de l’entrée, mais les outils des Zelandonii ne permettaient pas de tailler la pierre avec habileté. Le reste des murs était constitué de pierres brutes. Elles avaient à peu près toutes les mêmes dimensions – deux ou trois pouces de large, un peu moins en profondeur, de dix à douze pouces de longueur – mais des pierres plus grosses et plus petites étaient ingénieusement imbriquées en une structure serrée.
On mettait de côté des pièces en forme de losange, on les classait par taille puis on les disposait côte à côte dans le sens de la longueur. Les murs épais étaient formés de couches superposées dans lesquelles chaque pierre se logeait dans les creux laissés par les pierres de la couche inférieure. On ajoutait parfois des petites pierres pour combler les trous, en particulier autour des gros blocs de l’entrée.
Les pierres dessinaient un léger encorbellement, chaque couche dépassant quelque peu la précédente. Les pierres étaient choisies et disposées avec soin pour que leurs irrégularités contribuent à l’écoulement de l’humidité extérieure : pluie poussée à l’intérieur de l’abri par le vent, brouillard ou neige fondue.
Il ne fallait ni mortier ni boue pour boucher les trous ou renforcer la structure. La rugosité du calcaire empêchait les pierres de glisser ; elles tenaient en place par leur propre poids et pouvaient même accueillir une poutre de genévrier ou de chêne, insérée dans le mur pour soutenir d’autres éléments de construction ou des étagères. Les pierres s’imbriquaient si parfaitement qu’elles ne laissaient passer aucun rai de lumière et qu’aucune rafale de vent hivernal n’y trouvait d’ouverture. Leur disposition était en outre agréable à l’œil, surtout vue de l’extérieur.
A l’intérieur, le mur coupe-vent disparaissait presque entièrement derrière des panneaux de peau brute – du cuir non traité qui devenait dur et raide en séchant –, attachés à des poteaux de bois enfoncés dans la terre battue. Ces plaques de cuir partaient du sol mais dépassaient les murs de pierre et atteignaient jusqu’à huit ou neuf pieds de hauteur. Leur partie supérieure était richement décorée à l’extérieur. Un bon nombre des panneaux étaient également ornés d’animaux et de marques énigmatiques à l’intérieur, mais avec des couleurs moins vives. Comme la demeure de Marthona s’adossait à la paroi légèrement inclinée de la falaise, le mur du fond était en calcaire massif.
Ayla leva les yeux et ne vit pas d’autre plafond que le dessous du surplomb rocheux, tout là-haut. Sauf quand des courants d’air la rabattaient, la fumée des feux s’élevait au-dessus des panneaux et dérivait sous la haute saillie, laissant l’air parfaitement respirable. Le surplomb protégeait les Zelandonii des intempéries, et, si on s’habillait de vêtements chauds, les habitations pouvaient être confortables même par temps froid. Elles étaient assez vastes et ne ressemblaient pas aux espaces exigus, fermés, faciles à chauffer mais souvent enfumés qu’Ayla avait vus au cours de son voyage.
Si les panneaux de cuir protégeaient du vent qui pouvait s’engouffrer à l’intérieur de l’abri, ils servaient avant tout à délimiter un espace personnel et à préserver une certaine intimité en protégeant les occupants sinon des oreilles du moins des regards des voisins. Certains éléments supérieurs des panneaux pouvaient être ouverts pour laisser passer la lumière ou permettre une conversation si on le souhaitait, mais, quand ils restaient fermés, la courtoisie exigeait du visiteur qu’il se présente à l’entrée et demande à être admis, au lieu d’entrer sans prévenir.
Baissant les yeux, Ayla découvrit sur le sol un assemblage de pierres. On pouvait briser les blocs calcaires des grandes falaises de la région en suivant les lignes de leur structure pour en détacher de fragments plats. A l’intérieur de l’habitation, le sol de terre battue était pavé de ces dalles calcaires et recouvert de nattes tressées avec de l’herbe et des roseaux, ou de tapis de fourrure soyeuse.
Elle ramena son attention sur la conversation de Jondalar et de sa mère. En buvant une gorgée du vin, elle remarqua que sa coupe était faite d’une corne creuse – de bison, sans doute – coupée non loin de la pointe puisque le diamètre en était assez réduit. Ayla souleva la coupe pour regarder en dessous : le fond était en bois, il avait été taillé pour qu’on puisse l’enfoncer dans l’embout circulaire, un peu plus petit. Elle vit sur le côté ce qu’elle prit d’abord pour des éraflures mais un examen plus attentif lui révéla la représentation d’un cheval vu de profil, délicatement gravé.
La jeune femme reposa la coupe, s’intéressa à la plate-forme autour de laquelle ils étaient assis. C’était une mince plaque de calcaire reposant sur un cadre de bois muni de pieds, le tout maintenu par des lanières. Une natte d’une fibre assez fine la recouvrait, ornée de dessins suggérant des animaux, selon des lignes et des formes abstraites en plusieurs nuances d’un rouge éteint. Quelques coussins étaient disposés autour, dont deux ou trois en cuir du même rouge.
Deux lampes de pierre étaient posées sur la table. L’une, magnifiquement sculptée, avait la forme d’une boule creuse munie d’une poignée décorée ; l’autre se réduisait à une cuvette grossière, taillée au centre d’un bloc de calcaire. Toutes deux contenaient du suif – de la graisse animale qu’on avait fait fondre dans de l’eau bouillante – et des mèches, deux pour la lampe grossière, trois pour l’autre. Ayla eut l’impression que la lampe inachevée avait été fabriquée depuis peu, pour donner un peu plus de lumière vers le fond de l’abri, et n’aurait qu’un usage temporaire.
L’espace intérieur, divisé en quatre parties par des cloisons mobiles, était bien rangé, éclairé par plusieurs autres lampes de pierre. Les cloisons de séparation, pour la plupart décorées, étaient elles aussi constituées de cadres de bois, tendus pour certains de panneaux opaques, généralement en cuir brut. Quelques-uns, translucides, étaient faits d’intestins de gros animaux, découpés, déroulés et sèches à plat.
A l’extrémité gauche du mur du fond, formant un angle avec un panneau extérieur, elle avisa une cloison particulièrement belle qui semblait constituée de cette matière qu’on pouvait détacher en larges plaques du côté intérieur des peaux d’animaux si on les laissait sécher sans les racler. On y avait dessiné, en noir et en diverses nuances de jaune et de rouge, un cheval ainsi que des formes énigmatiques composées de lignes, de points et de carrés. Ayla se souvint que, lors des cérémonies, le Mamut du Camp du Lion utilisait un écran semblable, mais dont les animaux étaient uniquement peints en noir. Fabriqué avec la peau intérieure d’un mammouth blanc, il représentait à ses yeux son bien le plus sacré.
Sur le sol, devant la cloison, on avait étendu une fourrure grisâtre dans laquelle Ayla reconnut une peau de cheval avec son épais pelage d’hiver. La lueur d’un petit feu provenant sans doute d’une niche creusée dans le mur, derrière, éclairait la cloison en mettant en valeur ses décorations.
Des étagères en plaques de calcaire plus minces que les dalles du sol et disposées à intervalles irréguliers sur le mur de pierre, à droite de la cloison, supportaient divers objets et ustensiles. Ayla distingua des formes vagues par terre, sous l’étagère la plus basse, là où l’inclinaison du mur était la plus forte et laissait un peu d’espace libre. Elle identifia sans peine l’usage d’un grand nombre d’ustensiles, mais certains étaient sculptés et peints avec une telle habileté qu’ils constituaient aussi des objets de beauté.
A droite des étagères, une cloison en cuir, perpendiculaire au mur de pierre, délimitait un coin et le début d’une autre pièce. Les cloisons ne faisaient que symboliser la séparation des salles. Par une ouverture, Ayla vit une plate-forme surélevée, couverte de fourrures. Une pièce à dormir, pensa-t-elle. Une seconde pièce à dormir était délimitée par des cloisons qui la séparaient à la fois de la précédente et de la salle dans laquelle ils se tenaient.
L’entrée de l’habitation avait été ménagée dans les panneaux
de cuir montés sur bois, face au mur de pierre. Devant les pièces à dormir, se trouvait une quatrième salle, où Marthona préparait à manger. Contre le mur de l’entrée, des étagères de bois permettaient de ranger des paniers, des bols, des boîtes superbement décorées de formes géométriques et de représentations réalistes d’animaux, peintes, sculptées ou tressées. Par terre, près du mur, Ayla apercevait de grands récipients, certains fermés par un couvercle, d’autres révélant leur contenu : légumes, fruits, céréales, viande séchée.
L’habitation comportait quatre côtés qui dessinaient un rectangle approximatif, encore que les murs extérieurs ne fussent pas droits ni les espaces intérieurs tout à fait symétriques. Ils s’incurvaient pour suivre les contours de la terrasse et laisser de la place aux autres constructions.
— Tu as apporté des changements, mère, remarqua Jondalar. Cela me paraît plus grand que dans mon souvenir.
— C’est plus grand, confirma Marthona. Nous ne sommes plus que trois, maintenant Folara dort là... (Elle indiqua la seconde pièce à dormir.) Willamar et moi avons l’autre pièce. (Elle tendit le bras vers la pièce au mur de pierre.) Ayla et toi, vous utiliserez la pièce principale. On peut rapprocher la table du mur pour gagner de la place et installer une plate-forme, si vous voulez.
Aux yeux d’Ayla, la demeure de Marthona était très spacieuse, bien plus grande que les espaces de vie individuels de chaque foyer – chaque famille – dans la hutte semi-souterraine du Camp du Lion, moins vaste cependant que la grotte de la vallée où elle avait vécu seule. Mais, à la différence de cette dernière, la hutte des Mamutoï n’était pas une formation naturelle ; les habitants du Camp du Lion l’avaient fabriquée eux-mêmes.
Son attention fut attirée par la cloison qui séparait l’espace à cuire de la pièce principale. Elle était pliée en son milieu, et Ayla se rendit compte qu’elle était composée de deux écrans translucides, reliés de manière originale. Les perches de bois qui constituaient l’intérieur du cadre et les pieds des deux panneaux étaient fichés dans des rondelles en corne de bison creuse. Ces anneaux formaient, en haut et en bas, une sorte de gond qui permettait de replier l’écran double. Ayla se demanda si d’autres cloisons avaient été fabriquées de la même façon.
Curieuse de voir comment il était installé, elle regarda à l’intérieur de l’espace à cuire. Marthona était agenouillée sur une natte près d’un foyer entouré de pierres. Alentour, on avait balayé les dalles du sol. Derrière la mère de Jondalar, dans un coin sombre éclairé par une seule lampe de pierre, d’autres étagères supportaient des coupes, des bols, des plats et des ustensiles. Ayla remarqua des herbes et des légumes sèches suspendus aux traverses d’un cadre de bois. Sur une plate-forme, près de l’âtre, Marthona avait disposé des bols, des paniers et un grand plat de viande fraîche coupée en petits morceaux.
La jeune femme se demanda si elle devait proposer son aide, mais elle ne savait pas où les choses étaient rangées ni ce que Marthona préparait. Elle l’aurait plutôt gênée qu’aidée. Il vaut mieux attendre, décida-t-elle.
Elle regarda Marthona embrocher la viande sur quatre bâtons pointus et les placer au-dessus de braises rouges, entre deux pierres creusées d’encoches. Puis, avec une louche taillée dans une corne de bouquetin, elle versa dans des bols de bois le liquide contenu dans un panier tressé serré. A l’aide de pinces flexibles, constituées d’un bois souple recourbé en U, elle enleva deux pierres lisses du panier à cuire, en ajouta une brûlante, tirée du feu, puis apporta les deux bols à Ayla et à Jondalar.
Ayla remarqua les globes de petits oignons et autres bulbes dans le riche bouillon, et s’aperçut qu’elle mourait de faim, mais elle attendit pour voir comment procédait Jondalar. Il prit son couteau à manger, une petite lame de silex pointue sertie dans un manche en bois de cerf, piqua un bulbe. Il le porta à sa bouche, mastiqua un moment puis avala une gorgée de bouillon. Ayla fit de même.
Délicieux, le bouillon avait un goût de viande, mais il n’y avait pas de viande : rien que des légumes, un mélange d’herbes au goût inhabituel pour le palais d’Ayla, et une chose qu’elle n’arrivait pas à identifier. Cela l’étonnait car elle parvenait presque toujours à reconnaître les ingrédients d’un plat. Marthona ne tarda pas à leur apporter la viande, rôtie sur les bâtonnets, et qui avait elle aussi un goût inhabituel et délicieux. Ayla eut envie de demander ce que c’était mais tint sa langue.
— Tu ne manges pas, mère ? dit Jondalar en piquant un autre morceau de légume.
— Folara et moi avons mangé plus tôt. J’ai préparé beaucoup de nourriture, je m’attends toujours au retour de Willamar. Je n’ai eu qu’à réchauffer le bouillon et à faire cuire la viande d’aurochs marinée dans le vin.
C’est donc cela, le goût, pensa Ayla, qui but une autre gorgée du liquide rouge. Il y en avait aussi dans le bouillon.
— Quand Willamar doit-il rentrer ? demanda Jondalar. Je suis impatient de le voir.
— Bientôt. Il est parti faire du troc aux Grandes Eaux de l’ouest, pour rapporter du sel et tout ce qu’il pourra obtenir, mais il sait que nous devons nous rendre à la Réunion d’Été. Il sera de retour avant. A moins que quelque chose le retarde. Je l’attends d’un moment à l’autre.
— Laduni des Losadunaï m’a dit que les siens font du troc avec une Caverne qui extrait du sel d’une montagne. On l’appelle la Montagne de Sel.
— Une montagne de sel ? J’ignorais qu’on trouvait du sel dans les montagnes. Je crois que tu as beaucoup d’histoires à raconter et que personne ne saura démêler le vrai du faux.
Jondalar sourit mais Ayla eut la nette impression que sa mère doutait, sans l’exprimer clairement, de ce qu’il venait de dire.
— Je ne l’ai pas vue moi-même mais je pense que c’est vrai, répondit-il. En tout cas, ils ont du sel, et ils vivent très loin d’une eau salée. S’ils avaient dû faire un long voyage pour se le procurer, ils n’en auraient pas été aussi prodigues.
Le sourire de Jondalar s’élargit, comme s’il venait de penser à quelque chose de drôle.
— A propos de long voyage, j’ai un message pour toi, mère, de la part de quelqu’un que nous avons rencontré en chemin, quelqu’un que tu connais.
— Dalanar ? Jerika ?
— Eux aussi ont un message pour toi. Ils seront à la Réunion d’Été. Dalanar essaiera de persuader un jeune Zelandonii de rentrer avec eux. La Première Caverne des Lanzadonii grandit. Je ne serais pas surpris qu’ils en fondent bientôt une deuxième.
— Il ne devrait pas être difficile de trouver quelqu’un, commenta Marthona. Ce serait pour cette personne un grand honneur. Être le Premier, le Premier et le seul Lanzadonii.
— Comme ils n’ont encore personne Qui Serve la Mère, Dalanar veut que Joplaya et Echozar s’unissent aux Matrimoniales des Zelandonii, poursuivit Jondalar.
Un pli barra le front de Marthona.
— Ta proche cousine est une belle jeune femme. Singulière mais belle. Aucun jeune homme ne peut détacher ses yeux d’elle quand elle vient aux Réunions des Zelandonii. Pourquoi choisirait-elle Echozar alors qu’elle peut avoir n’importe quel homme ?
— Non, pas n’importe quel homme, objecta Ayla.
Marthona se tourna vers elle, remarqua la lueur farouche, défensive de son regard. La jeune femme rougit et détourna les yeux.
— Elle m’a dit qu’elle ne trouverait jamais un homme qui l’aimerait autant qu’Echozar, ajouta-t-elle.
— Tu as raison, Ayla, dit Marthona. Il y a des hommes qu’elle ne peut pas avoir. (Elle glissa un bref coup d’œil à son fils.) Mais Joplaya et Echozar me semblent... mal assortis. Elle est d’une beauté stupéfiante, et lui... et lui pas. Néanmoins l’apparence n’est pas tout ; quelquefois même, elle ne compte pas pour grand-chose, et Echozar me donne l’impression d’un homme gentil et affectueux.
Bien que Marthona ne l’eût pas vraiment dit, Ayla savait que la mère de Jondalar avait vite saisi la raison du choix de Joplaya : la proche cousine de Jondalar,
fille de la compagne de Dalanar, aimait un homme qu’elle ne pourrait jamais avoir. Comme personne d’autre ne comptait pour elle, elle s’était rabattue sur le seul dont elle savait qu’il l’aimait. Ayla comprit que Marthona n’était pas trop contrariée, en réalité. La mère de Jondalar aimait les belles choses et il lui semblait logique qu’une belle femme s’unisse à un homme qui l’égalait en ce domaine, mais elle avait conscience que la beauté du caractère comptait davantage.
Jondalar ne parut pas remarquer la légère tension entre les deux femmes, occupé qu’il était à se rappeler les mots exacts qu’on l’avait prié de répéter à sa mère, de la part d’une personne dont Marthona n’avait jamais mentionné le nom devant lui.
— Le message que j’ai pour toi ne vient pas des Lanzadonii. Pendant notre Voyage, nous avons vécu avec un autre peuple, plus longtemps que je ne l’avais prévu, d’ailleurs, mais c’est une autre histoire. Le jour de notre départ, Celle Qui Sert la Mère m’a dit : « Lorsque tu verras Marthona, dis-lui que Bodoa lui envoie ses amitiés. »
Jondalar avait espéré susciter une réaction chez sa mère, si digne et si maîtresse d’elle-même, en prononçant un nom appartenant au passé. Il y voyait une plaisanterie anodine dans leur petit jeu de sous-entendus, d’allusions voilées, et il ne s’attendait certes pas à ce qu’il provoqua. Marthona écarquilla les yeux et blêmit.
— Bodoa ! O Grande Mère ! Bodoa ?
La main sur la poitrine, elle semblait éprouver des difficultés à respirer.
— Mère ! Ça va ? dit Jondalar, se levant d’un bond. Je suis désolé, je ne voulais pas te causer un tel choc. Est-ce que je dois aller chercher Zelandoni ?
— Non, non, ça va, le rassura Marthona, qui prit une longue inspiration. Mais j’ai été stupéfaite : je pensais ne plus jamais entendre ce nom. Je ne savais même pas qu’elle était encore en vie. Tu... tu l’as bien connue ?