Les chasseurs de mammouths Read online

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  Ayla, semblait-il, était en état de choc.

  — Qu’as-tu donc ? demanda Mamut.

  — Bébé ! Bébé était frère. Je poursuis renne, à la chasse. Plus tard, je trouve petit lion, blessé. Je ramène à caverne. Soigne. Élève comme petit enfant.

  — Le petit lion que tu as élevé avait été piétiné par des rennes ? C’était au tour de Mamut d’être sous le choc. Il ne pouvait s’agir d’une simple coïncidence. Il distinguait là une puissante signification. Il avait pressenti qu’il fallait interpréter ce rêve du lion des cavernes selon ses valeurs symboliques, mais il y avait bien autre chose, qu’il n’avait pas compris. Cela dépassait la Recherche, dépassait toute son expérience passée. Il allait devoir y réfléchir profondément et il avait besoin d’en savoir davantage.

  — Ayla, si tu veux bien répondre...

  Ils furent interrompus par une bruyante querelle.

  — Tu ne te soucies pas de Fralie ! Tu n’as même pas versé un bon Prix pour elle ! hurlait Crozie.

  — Et toi, tout ce qui t’intéresses, c’est ton statut ! J’en ai assez d’entendre parler du Prix trop bas que j’ai payé. J’ai payé ce que tu m’as demandé, quand personne ne voulait accepter.

  — Personne ne voulait accepter ? Que dis-tu là ? Tu m’as suppliée de te la donner. Tu m’as promis de prendre soin d’elle et de ses enfants. Tu m’as dit que tu m’accueillerais à ton foyer...

  — Et n’ai-je pas fait tout ça ? cria Frébec.

  — Tu appelles ça m’accueillir ? Quand m’as-tu témoigné ton respect ? Quand m’as-tu honoré comme une mère ?

  — Quand m’as-tu témoigné du respect ? Dès que je parle, tu discutes.

  — S’il t’arrivait de dire quelque chose d’intelligent, personne n’aurait envie de discuter. Fralie mérite mieux. Regarde-la, grosse de la bénédiction de la Mère...

  — Mère, Frébec, arrêtez, je vous en prie, intervint Fralie. J’ai seulement envie de me reposer...

  Elle était très pâle, elle avait le visage tiré, et elle inquiétait Ayla. La querelle continuait à faire rage, et la guérisseuse en elle voyait à quel point cela éprouvait la jeune femme enceinte. Elle se leva, se dirigea vers le Foyer de la Grue.

  — Ne voyez pas Fralie bouleversée ? demanda-t-elle quand la vieille femme et l’homme eurent repris haleine assez longtemps pour lui permettre de parler. Elle besoin d’aide. Vous pas aider. Vous rendez malade. Pas bon, disputes, pour femme enceinte. Fait perdre enfant.

  Crozie et Frébec la regardaient avec la même surprise. Crozie fut la première à se remettre.

  — Tu vois bien, que te disais-je ? Tu ne te soucies pas de Fralie. Tu ne la laisses même pas parler à cette femme qui sait ce qu’elle dit. Si elle perd l’enfant, ce sera par ta faute.

  — Et que sait-elle donc, celle-là ? dit Frébec d’un ton méprisant. Elle a été élevée par une bande d’animaux crasseux. Que peut-elle savoir des soins à donner ? Et elle amène des animaux ici. Elle est elle-même un animal. Tu as raison, je ne vais pas laisser Fralie approcher ce monstre. Qui sait quels mauvais esprits elle a introduits chez nous ? Si Fralie perd l’enfant, ce sera sa faute à elle ! Elle et ces Têtes Plates maudites par la Mère !

  Ayla recula en titubant, comme si elle avait été frappée. Cette attaque en règle lui coupait le souffle et laissait sans voix le reste du Camp. Dans le silence abasourdi, elle laissa échapper un cri étranglé, sanglotant, fit volte-face et s’élança à toutes jambes vers la sortie de l’abri. Jondalar saisit leurs deux pelisses et se mit à sa poursuite.

  Ayla repoussa la pesante tenture de l’entrée, se retrouva en proie au vent hurlant. La tempête qui avait menacé toute la journée n’apportait ni pluie ni neige mais se déchaînait avec une féroce intensité au-dehors. Ses assauts sauvages n’étaient brisés par aucune barrière. Les différences de pression atmosphérique créées par les immenses murailles de glace au nord jetaient sur les vastes plaines des vents qui soufflaient en ouragan.

  Ayla siffla Whinney, s’entendit répondre par un hennissement tout proche. La jument et son poulain émergèrent de l’obscurité.

  — Ayla ! Tu n’avais pas l’intention de monter à cheval par cette tempête, j’espère ? dit Jondalar, qui sortait à son tour de l’abri. Tiens, je t’ai apporté ta pelisse. Il fait froid, dehors. Tu dois être à moitié gelée, déjà.

  — Oh, Jondalar, je ne peux pas rester ici ! lui cria-t-elle.

  — Enfile ta pelisse, Ayla, insista-t-il.

  Il l’aida à passer le vêtement par-dessus sa tête, avant de la prendre dans ses bras. La scène suscitée par Frébec, il s’y attendait depuis un certain temps déjà. Cela devait arriver, il le savait, à partir du moment où Ayla parlait si ouvertement de son passé.

  — Tu ne peux pas partir ainsi. Pas par cette tempête. Où irais-tu ?

  — Je n’en sais rien, et peu m’importe, sanglota-t-elle. Loin d’ici.

  — Et Whinney ? Et Rapide ? Ce n’est pas un temps à leur faire faire une longue course.

  Sans répondre, elle s’accrochait à lui. Pourtant, à un autre niveau de sa conscience, elle avait remarqué que les chevaux avaient cherché abri plus près de l’habitation. Elle se tourmentait de n’avoir pas de caverne à leur offrir pour les protéger du mauvais temps, comme ils en avaient eu l’habitude. Et Jondalar avait raison. Elle ne pouvait guère partir par une nuit pareille.

  — Je ne veux pas rester ici, Jondalar. Dès que la tempête s’apaisera, je veux retourner à la vallée.

  — Si tu y tiens, Ayla, nous y retournerons. Quand le temps sera meilleur. Pour le moment, rentrons.

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  — Regarde toute cette glace qui s’accroche à leur robe, dit Ayla. Elle essayait de détacher les glaçons qui pendaient par bouquets au long poil bourru de Whinney. La jument renâcla, lâcha dans l’air froid du matin un nuage de vapeur chaude que le vent glacial ne tarda pas à dissiper. La tempête s’était apaisée, mais les nuages demeuraient menaçants.

  — Mais les chevaux vivent toujours dehors, en hiver. Ils n’ont pas l’habitude de séjourner dans des cavernes, répondit Jondalar, d’un ton qui se voulait raisonnable.

  — Et de nombreux chevaux meurent, en hiver, même s’ils trouvent des endroits abrités quand il fait trop mauvais. Whinney et Rapide ont toujours eu un refuge chaud et sec lorsqu’ils en avaient besoin. Ils ne vivent pas avec un troupeau, ils ne sont pas accoutumés à être dehors par tous les temps. Tu as dit que nous pourrions partir n’importe quand. Ce lieu n’est pas bon pour eux...

  — Ayla, ne nous a-t-on pas bien accueillis, ici ? La plupart des gens ne se sont-ils pas montrés bons et généreux ?

  — Oui, nous avons été bien accueillis. Les Mamutoï s’efforcent d’être généreux avec leurs visiteurs, mais nous ne sommes que cela, et le moment est venu pour nous de partir.

  Le front de Jondalar se creusa de plis d’inquiétude. Les yeux baissés, il frottait la terre du pied. Il avait quelque chose à dire mais ne savait trop comment l’exprimer.

  — Ayla... euh... je t’avais dit qu’il pourrait se passer quelque chose de ce genre si tu... si tu parlais de... euh... du peuple avec lequel tu as vécu. La plupart des gens ne les considèrent pas comme... comme tu le fais.

  Il releva la tête.

  — Si seulement tu n’avais rien dit...

  — Sans le Clan, je serais morte, Jondalar ! Veux-tu dire que je dois avoir honte des gens qui ont pris soin de moi ? Iza, à ton avis, était-elle moins humaine que Nezzie ? lui cria-t-elle, furieuse.

  — Mais non, Ayla, je ne voulais pas dire ça. Je ne prétends pas que tu doives avoir honte d’eux. Je trouve simplement... que tu n’as pas besoin d’en parler à des gens qui ne comprennent pas.

  — Je ne suis pas sûre que tu comprennes. Selon toi, de qui dois-je parler, quand on me demande qui je suis ? Quel est mon peuple ? D’où je viens ? Je n’appartiens plus au Clan... Broud m’a maudite, je suis morte, à leurs yeux... Mais je voudrais être encore chez eux ! Du moins avaient-ils fini par m’accepter comme gué
risseuse. Ils ne m’empêcheraient pas de venir en aide à une femme qui en a besoin. Imagines-tu à quel point il est cruel de voir Fralie souffrir sans être autorisée à la secourir ? Je suis une guérisseuse, Jondalar ! lui lança-t-elle dans une explosion de frustration et d’impuissance.

  Avec colère, elle se retourna vers la jument.

  Latie, qui sortait de l’abri, vit la jeune femme près des chevaux, s’approcha avec empressement.

  — Que puis-je faire pour t’aider ? demanda-t-elle avec un large sourire.

  Ayla se rappela qu’elle avait demandé de l’aide à la jeune fille, la veille au soir. Elle s’efforça de reprendre son sang-froid.

  — Pense plus besoin d’aide, maintenant. Reste plus ici, retourne bientôt à la vallée.

  Elle s’était exprimée dans le langage de Latie. Celle-ci prit un air désolé.

  — Oh... très bien... Alors, je t’encombre peut-être, dit-elle. Déjà, elle reprenait la direction de la voûte d’entrée.

  Ayla mesura sa déception.

  — Mais chevaux besoin être brossés. Poil plein de glace. Peut-être aider aujourd’hui ?

  La petite retrouva son sourire.

  — Vois là, par terre, près loge, tiges sèches ?

  — Ces cardères, tu veux dire ?

  Latie avait ramassé une longue tige sommée d’une tête ronde tout en piquants.

  — Oui, je trouve près rivière. Bonne brosse. Tu casses, comme ça. Tu entoures main avec petit morceau cuir. Plus facile pour tenir, expliqua Ayla.

  Elle amena la jeune fille près de Rapide, lui montra comment manier la cardère pour étriller le poil d’hiver, long et dru, du poulain. Jondalar resta là afin de calmer l’animal jusqu’à ce qu’il soit habitué à une présence qui ne lui était pas familière. Ayla, elle, rejoignit Whinney, pour continuer à débarrasser sa robe des morceaux de glace qui s’y accrochaient. Jondalar était reconnaissant à Latie de sa présence : elle mettait fin temporairement à leur discussion à propos de départ. Il en avait dit plus qu’il n’aurait dû, il le sentait. Pis encore, il s’était exprimé maladroitement et ne savait plus, à présent, comment se tirer d’affaire. Il ne voulait pas voir Ayla partir en de telles circonstances. Si elle regagnait maintenant sa vallée, elle pourrait bien ne plus jamais vouloir la quitter. Il avait beau l’aimer profondément, il ne savait trop s’il pourrait supporter de passer le reste de sa vie isolé de toute autre présence humaine. A son avis, ce ne serait pas bon pour elle non plus. Elle s’entendait si bien avec les Mamutoï, pensait-il. Elle n’aurait aucun mal à s’adapter n’importe où, même chez les Zelandonii. Si seulement elle ne parlait pas de... Mais elle a raison. Qu’est-elle censée dire, si on l’interroge sur son peuple ? Il savait que, s’il la ramenait chez lui, tout le monde lui poserait la question.

  — Tu fais toujours tomber la glace de leur poil, Ayla ? demanda Latie.

  — Non, pas toujours. Dans la vallée, chevaux venir dans caverne, quand temps mauvais. Ici, pas place pour chevaux. Pars bientôt. Retourne à vallée, quand temps plus clair.

  A l’intérieur de l’habitation, Nezzie venait de traverser l’aire où l’on faisait la cuisine et le foyer d’entrée pour sortir, mais, en approchant de la voûte, elle les entendit parler, s’arrêta pour écouter. Elle redoutait qu’Ayla ne veuille s’en aller, depuis la scène de la veille au soir. Si elle partait, il n’y aurait plus de leçons de langage par signes, ni pour Rydag ni pour le Camp. Elle avait déjà remarqué la manière différente dont les autres traitaient l’enfant, depuis qu’ils pouvaient lui parler. Excepté Frébec, naturellement. Je regrette d’avoir demandé à Talut de l’autoriser à séjourner chez nous... mais, si je n’avais rien dit, où en serait Fralie, maintenant ? Elle n’est pas bien. Sa grossesse est pénible.

  — Pourquoi faut-il que tu partes, Ayla ? questionna Latie. Nous pourrions leur faire un abri ici.

  — Elle a raison. Il ne serait pas difficile de monter une tente, un brise-vent, quelque chose, près de l’entrée, pour les protéger du plus gros des bourrasques et de la neige, appuya Jondalar.

  — Je crois Frébec pas aimer animal si près, fit la jeune femme.

  — Frébec n’est qu’une seule personne, Ayla, dît Jondalar.

  — Mais Frébec mamutoï. Pas moi.

  Personne ne réfuta cette déclaration. Latie rougit de honte pour son Camp.

  A l’intérieur, Nezzie fit demi-tour vers le Foyer du Lion. Talut, qui se réveillait tout juste, rejeta les fourrures, lança ses énormes jambes hors du lit et se redressa sur son séant. Il se gratta la barbe, s’étira de toute la longueur de ses bras, ouvrit la bouche en un énorme bâillement, avant de faire la grimace et de se prendre un moment la tête entre les mains. Il leva les yeux, vit Nezzie, la gratifia d’un sourire confus.

  — J’ai bu trop de bouza, hier au soir, déclara-t-il. Il se mit debout, prit sa tunique, l’enfila.

  — Talut, Ayla a décidé de partir dès que le temps serait meilleur, dit Nezzie.

  Le géant fronça les sourcils.

  — C’est bien ce que je craignais. Dommage. J’espérais que ces deux là passeraient l’hiver avec nous.

  — Ne pouvons-nous faire quelque chose ? Pourquoi le mauvais caractère de Frébec les chasserait-il d’ici, quand tout le monde désire les voir rester ?

  — Je ne vois pas ce que nous pourrions faire. Lui as-tu parlé, Nezzie ?

  — Non. J’ai entendu leur conversation, dehors. Elle disait à Latie qu’il n’y avait pas de place ici pour les chevaux : ils avaient l’habitude de venir s’abriter dans sa caverne quand le temps était mauvais. Latie a dit que nous pourrions leur construire un abri, et Jondalar a suggéré d’élever quelque chose près de l’entrée. Ayla a répondu alors qu’à son avis, Frébec n’aimerait pas avoir un animal si près, et elle ne parlait pas des chevaux, je le sais.

  Talut se dirigea vers l’entrée. Nezzie l’accompagna.

  — Nous pouvons sans doute faire quelque chose pour les chevaux, dit-il, mais, si elle veut s’en aller, nous ne pouvons pas la forcer à rester. Elle n’est même pas mamutoï, et Jondalar est zel... zella... je ne sais plus quoi.

  Nezzie le retint.

  — Pourquoi ne pas faire d’elle une Mamutoï ? Elle dit qu’elle n’a pas de peuple. Nous pourrions l’adopter. Après ça, Tulie et toi, vous célébreriez la cérémonie qui la ferait entrer dans le Camp du Lion. Talut réfléchit un moment.

  — Je ne sais pas trop, Nezzie. On ne fait pas un Mamutoï de n’importe qui. Il faudrait que tout le monde soit d’accord, et avoir quelques bonnes raisons de présenter l’affaire au Conseil, pendant la Réunion d’Été. Et puis, tu dis qu’elle va partir.

  Talut repoussa le rideau, se hâta vers la ravine.

  Nezzie, qui l’avait suivi, resta sur le seuil à le regarder s’éloigner. Son regard vint ensuite se poser sur la grande jeune femme blonde qui étrillait le cheval à la robe couleur de foin. Nezzie l’examina longuement. Elle se demandait d’où venait Ayla. Si elle avait perdu sa famille sur la péninsule qui se trouvait au sud, ses parents avaient fort bien pu être des Mamutoï. Plusieurs Camps passaient l’été près de la mer de Beran, et la péninsule ne se trouvait pas bien loin. Pourtant, la brave femme en doutait. Les Mamutoï savaient que c’était là un territoire des Têtes Plates ; ils l’évitaient généralement. Par ailleurs, quelque chose, chez elle, était différent des Mamutoï. Peut-être sa famille avait-elle fait partie des Sharamudoï, ce peuple de la rivière qui habitait à l’ouest, et chez qui Jondalar avait séjourné. Ou même des Sungaea, qui vivaient au nord-est, mais Nezzie ignorait s’ils voyageaient assez loin vers le sud pour atteindre la mer. Une chose au moins était certaine : Ayla n’était pas une Tête Plate... et pourtant, ces gens l’avaient recueillie.

  Barzec et Tornec sortirent, en compagnie de Danug et Druwez. Ils saluèrent Nezzie par les signes que leur avait enseignés Ayla. La coutume commençait à s’installer dans le Camp du Lion, et Nezzie l’encourageait. Rydag sortit ensuite, lui fit les mêmes signes. Elle y répondit, lui sourit, mais
, lorsqu’elle le serra contre elle, son sourire s’évanouit. Rydag avait mauvaise mine. Il avait la figure pâle et bouffie et semblait plus fatigué que d’ordinaire. Peut-être allait-il tomber malade.

  — Jondalar ! Te voilà, dit Barzec. J’ai fabriqué un de ces lanceurs de sagaies. Nous allions l’essayer sur les steppes. J’ai dit à Tornec qu’un peu d’exercice l’aiderait à se débarrasser du mal de tête qu’il doit à ses excès de boisson d’hier soir. Tu veux nous accompagner ?

  Jondalar lança un coup d’œil vers Ayla. Il était improbable qu’ils pussent résoudre leur problème ce matin-là, et Rapide semblait très content des soins de Latie.

  — Entendu. Je vais chercher le mien, dit-il.

  Pendant que les autres attendaient, Ayla remarqua que Danug et Druwez paraissaient vouloir ignorer les efforts de Latie pour attirer leur attention. Toutefois, le garçon roux et dégingandé adressa à Ayla un timide sourire. Quand son frère et son cousin partirent avec les autres, Latie les suivit d’un regard malheureux.

  — Ils auraient pu me demander de les accompagner. Je bats toujours Druwez au jeu des cerceaux et des flèches. Mais ils n’ont même pas voulu m’accorder un coup d’œil.

  — Je montre, si tu veux, Latie. Quand chevaux brossés, dit Ayla. La petite leva les yeux vers elle. Elle se rappelait les étonnantes démonstrations de la jeune femme avec son propulseur et sa fronde et elle avait remarqué le sourire de Danug. Mais une pensée lui vint à l’esprit. Ayla ne cherchait pas à attirer l’attention sur elle. Elle se contentait de faire ce qui lui plaisait mais elle était si accomplie dans tout ce qu’elle faisait que les gens étaient forcés de s’intéresser à elle.

  — Je voudrais bien que tu me montres, Ayla, dit-elle. Après un silence, elle ajouta :