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LE GRAND VOYAGE Page 2
LE GRAND VOYAGE Read online
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— Au nom de la Grande Terre Mère, nous serions heureux de partager votre dîner, dès que nous aurons installé notre camp, accepta Jondalar. Mais demain, nous partirons tôt.
— Où êtes-vous donc si pressés d’aller ?
Jondalar avait vécu longtemps parmi eux, mais il fut tout de même surpris par la question directe, typique des Mamutoï, surtout qu’elle venait d’un inconnu. Dans le peuple de Jondalar, une question ainsi formulée aurait été une impolitesse, non pas une grave indiscrétion, mais le signe d’un manque de maturité, ou, à tout le moins, un défaut d’appréciation du discours subtil et plus indirect des adultes.
Mais Jondalar avait appris que la candeur était une qualité chez les Mamutoï, et que l’absence de franchise était mal vue, même si les Mamutoï n’étaient pas toujours aussi ouverts qu’ils en avaient l’air. Tout dépendait de la façon dont on posait les questions, comment elles étaient reçues, et ce qui était sous-entendu. Mais la franche curiosité du chef de ce Camp allait de soi, parmi les Mamutoï.
— Je retourne chez mon peuple, répondit Jondalar, et je ramène cette femme avec moi.
— Êtes-vous vraiment à un jour près ?
— J’habite très loin, vers l’ouest. Je suis resté absent... (Jondalar réfléchit)... quatre ans, et il nous faudra encore une année avant d’arriver, si tout se passe bien. Nous traverserons des endroits dangereux, des rivières, des glaciers, et je ne veux pas les atteindre à la mauvaise saison.
— A l’ouest ? On dirait plutôt que vous vous dirigez vers le sud.
— C’est exact. Nous voulons rejoindre la mer de Beran et la Grande Rivière Mère. Ensuite, nous remonterons le courant.
— Il y a quelques années, mon cousin est allé vers l’ouest, faire du troc. Il a rencontré là-bas des hommes qui vivaient près d’une rivière qu’ils appelaient aussi la Grande Mère et il pensait qu’il s’agissait de la même. Ces hommes étaient venus de nos régions. Tout dépend à quelle hauteur de la rivière vous allez, mais il y a un passage au sud du Grand Glacier, au nord de la montagne de l’ouest. Vous raccourciriez votre Voyage en prenant ce chemin.
— Oui, Talut m’a parlé de la route du nord, mais personne n’est sûr qu’il s’agisse de la même rivière. Si ce n’est pas la même, cela prendra du temps de retrouver l’autre. Je suis venu par le sud et je connais la route. En outre, j’ai un parent parmi le Peuple du Fleuve. Mon frère a été uni à une femme sharamudoï, et j’ai vécu parmi eux. J’aimerais les revoir, c’est la dernière fois que j’en aurai l’occasion.
— Nous commerçons avec le Peuple du Fleuve... il me semble avoir entendu parler d’étrangers, il y a un ou deux ans, des étrangers qui vivaient avec ce Camp qu’une femme mamutoï avait rejoint. Maintenant que j’y repense, oui, on parlait de deux frères. Les Sharamudoï n’ont pas les mêmes coutumes d’union que nous, mais si je me souviens bien, la femme mamutoï et son compagnon devaient s’unir avec un autre couple. Je crois que c’était une sorte d’adoption. Ils ont envoyé, des messagers inviter les Mamutoï appartenant au foyer de la femme. Plusieurs s’y sont rendus, et un ou deux en sont revenus.
— L’étranger, c’était Thonolan, mon frère, déclara Jondalar, content que l’on puisse ainsi vérifier ses dires, et bien qu’il ne pût prononcer le nom de son frère sans ressentir un profond chagrin. Il a été uni à Jetamio en même temps que Markeno à Tholie. C’est Tholie qui, la première, m’a appris le mamutoï.
— Tholie est une cousine éloignée, et tu lui serais apparenté par ton frère ? (L’homme se tourna vers sa sœur.) Thurie, cet homme est un parent, nous lui devons l’hospitalité et à la femme aussi. Je m’appelle Rutan, poursuivit-il sans attendre la réponse, je suis Celui Qui Ordonne du Camp du Faucon. Au nom de Mut, soyez les bienvenus.
La femme n’avait plus le choix. Elle ne pouvait pas embarrasser son frère en refusant de se joindre à l’accueil des étrangers, mais elle avait l’intention de lui exposer sa façon de penser plus tard, quand ils seraient seuls.
— Je suis Thurie, Celle Qui Ordonne du Camp du Faucon. Au nom de la Mère, soyez les bienvenus ici. En été, nous devenons le Camp des Fougères.
Jondalar avait déjà reçu des accueils plus chaleureux. Il trouva celui-ci réservé et contraint. Thurie les recevait « ici », autrement dit, dans un campement temporaire. Il savait que le Camp des Fougères était le nom d’un camp de chasse estivale. L’hiver les Mamutoï étaient sédentaires, et ce groupe, comme tous les autres, vivait dans une grande habitation semi-souterraine, ou dans plusieurs, moins spacieuses. C’était ce qu’ils appelaient le Camp du Faucon, et Celle Qui Ordonne s’était bien gardée de le mentionner.
— Moi, Jondalar des Zelandonii, au nom de la Grande Terre Mère, que nous nommons Doni, je vous salue.
— Nous avons de la place dans la tente du mamut, déclara Thurie, mais pour les animaux... heu... je ne sais pas...
— Si ça ne vous ennuie pas, il nous serait plus facile de dresser notre camp à proximité plutôt que de nous installer avec vous, répondit Jondalar par politesse. Nous sommes très sensibles à votre hospitalité, mais les chevaux ont besoin de paître où ils veulent, ils connaissent notre tente et y retourneront plus facilement. Ils seraient inquiets dans votre Camp.
— C’est bien naturel, approuva Thurie, soulagée. (Elle aurait été inquiète, elle aussi.)
Ayla se rendit compte qu’elle devait les saluer à son tour. Loup n’était plus sur le qui-vive, et elle relâcha son étreinte. Je ne peux tout de même pas passer ma vie à genoux pour retenir Loup, se dit-elle. Lorsqu’elle se releva, le louveteau sauta après elle, mais elle le calma.
Rutan lui souhaita la bienvenue de loin, sans lui tendre les mains. Elle lui renvoya son salut.
— Moi, Ayla des Mamutoï, du Foyer du Mammouth, je vous salue au nom de Mut.
Puis ce fut le tour de Thurie qui limita son invitation au Camp des Fougères, comme pour Jondalar. Ayla lui répondit avec cérémonie. Elle aurait souhaité de leur part un accueil plus chaleureux, mais comment leur en vouloir ? Elle comprenait que des animaux voyageant de leur plein gré avec des humains puissent être source d’inquiétude. Il était difficile de demander à tout le monde d’être aussi ouvert à la nouveauté que Talut, pensa-t-elle en éprouvant une certaine nostalgie au souvenir des gens du Camp du Lion qu’elle avait tant aimés.
Elle s’adressa à Jondalar en Zelandonii :
— Loup s’est détendu maintenant. Je sais qu’il n’aimera pas cela, mais je préférerais ne pas le lâcher tant qu’il est dans ce Camp, et aussi au cas où nous rencontrerions d’autres gens. (Elle aurait voulu parler librement, mais elle ne se sentait pas à l’aise dans ce Camp de Mamutoï.) Il me faudrait une corde comme celle que tu as fabriquée pour guider Rapide, Jondalar. J’ai encore des cordes et des lanières au fond d’un de mes paniers. Je vais apprendre à Loup à ne pas courir après les étrangers et à rester où je le lui ordonne.
Ayla ne pouvait pas reprocher à Loup, qui avait compris la menace que représentaient les sagaies pointées vers eux, de se précipiter au secours des humains et des chevaux de sa bande. Son attitude s’expliquait, mais elle n’en était pas moins inacceptable. Il devait cesser de prendre les êtres humains qu’ils allaient être amenés à rencontrer pendant le Voyage pour des loups étrangers. Il faudrait qu’elle lui apprenne à modifier son comportement, et à accueillir les inconnus avec plus de retenue. Elle se demanda alors s’il existait d’autres peuples qui comprenaient qu’un loup obéisse à une femme, ou que des chevaux laissent des humains grimper sur leur dos.
— Reste avec lui, dit Jondalar, je vais chercher une corde.
Tenant toujours Rapide par sa longe, bien que le jeune étalon se fût calmé, il fouilla dans les paniers chargés sur le dos de Whinney. L’hostilité du Camp s’était atténuée, les Mamutoï n’étaient pas plus sur la défensive qu’avec des étrangers ordinaires. A en juger par les regards, la curiosité avait remplacé la peur.
Whinney aussi s’était apaisée. Jondalar la flatta et lui parla
gentiment tout en fourrageant dans les paniers. Il avait beaucoup d’affection pour la robuste jument, et quoiqu’il aimât l’impétuosité de Rapide, il admirait la patience sereine de Whinney. Il attacha la longe de Rapide aux lanières qui retenaient les paniers sur le dos de sa mère. Jondalar rêvait de guider Rapide comme Ayla guidait Whinney, sans licol et sans longe. Plus il chevauchait l’étalon, plus il découvrait l’étonnante sensibilité de l’animal. Il apprenait à trouver une meilleure assiette, et à commander Rapide par simple pression des jambes ou par de légers mouvements du corps.
Ayla, suivie de Loup, contourna la jument. Jondalar lui tendit la corde.
— Nous ne sommes pas obligés de rester ici, Ayla, murmura-t-il. Il est encore tôt, si tu veux, nous pouvons cher un emplacement plus loin, au bord de cette rivière, ou d’un autre cours d’eau.
— Non, je préfère que Loup s’habitue aux gens qu’il ne connaît pas, même s’ils ne sont pas très amicaux. Ce sont des Mamutoï, Jondalar, ils font partie de mon peuple. Et je n’en rencontrerai peut-être plus jamais. Je me demande s’ils vont aller à la Réunion d’Été ? J’ai bien envie de leur demander de transmettre un message au Camp du Lion.
Ayla et Jondalar plantèrent leur tente à l’écart du Camp des Fougères au bord du large affluent. Ils déchargèrent les chevaux et les laissèrent brouter à leur guise. En les regardant s’éloigner et disparaître dans le brouillard de poussière, Ayla ressentit une pointe d’inquiétude.
Ils avaient suivi le cours de la rive droite, à une distance respectable de l’eau. La rivière coulait vers le sud. Ses larges méandres serpentaient à travers la plaine monotone en creusant une profonde tranchée. S’ils étaient restés dans la steppe, au-dessus du fleuve, le chemin eût été plus direct, mais balayé par des vents opiniâtres et sans protection contre l’âpreté du soleil et de la pluie.
— Est-ce là la rivière dont Talut parlait ? demanda Ayla en déroulant ses couvertures de fourrure.
L’homme plongea sa main dans un des paniers et en tira un fragment de défense de mammouth, plat et gravé d’inscriptions. Il leva les yeux vers le ciel grisâtre, d’une luminosité aveuglante mais diffuse, puis observa le paysage enveloppé dans la brume poudreuse. Il était tard dans l’après-midi, ça, il le voyait bien, mais il n’en savait pas plus.
— Il n’y a aucun moyen d’en être sûr, Ayla, dit Jondalar en rangeant la carte. Je n’aperçois aucun repère, et j’ai l’habitude d’évaluer la distance que je parcours à pied. Mais l’allure de Rapide est différente.
— Faudra-t-il vraiment une année entière pour atteindre ton pays ?
— Difficile à dire. Tout dépendra des obstacles que nous rencontrerons, des arrêts que nous ferons. Si nous arrivons chez les Zelandonii à la même époque l’année prochaine, nous pourrons nous estimer heureux. Nous n’avons même pas atteint la mer de Beran où se jette la Grande Rivière Mère. Et ensuite nous devrons la remonter jusqu’à sa source, dans le glacier, et même au-delà, expliqua Jondalar le front soucieux.
Ses yeux, d’habitude d’un intense éclat bleu, trahissaient l’inquiétude.
— Nous devrons franchir des fleuves, mais c’est le glacier qui me tracasse, Ayla. Il faudra le traverser quand la glace sera dure, c’est-à-dire avant le printemps, mais on ne peut jamais savoir. Dans ces régions souffle un fort vent du sud, qui peut réchauffer la glace et la faire fondre en une journée. La neige et la glace se mélangent en surface et craquent comme du bois mort. Des crevasses énormes s’ouvrent et les ponts de neige s’écroulent. Des torrents, des rivières de neige fondue même, courent sur la glace, disparaissant parfois dans des gouffres profonds. Cela arrive sans qu’on s’y attende et c’est très dangereux. Nous sommes en été, et bien que l’hiver paraisse loin, le Voyage sera plus long que tu ne le penses.
Ayla prit un air entendu. Elle décida de ne plus se poser de questions sur la durée du Voyage, ni sur ce qui l’attendait une fois arrivée. Mieux valait vivre au jour le jour, et ne penser qu’au lendemain. Il serait bien temps ensuite de s’inquiéter de l’accueil qui lui réserverait le peuple de Jondalar. L’accepterait-il comme les Mamutoï l’avaient acceptée ?
— Si seulement le vent tombait ! soupira-t-elle.
— Oui, moi aussi j’en ai assez de croquer du sable, approuva Jondalar. Allons donc rendre visite à nos voisins et voir si nous ne trouvons pas quelque chose de mieux à manger.
Ils se rendirent au Camp des Fougères, accompagnés de Loup qu’Ayla surveillait de près. Là, ils se joignirent à un groupe rassemblé autour d’un feu. Un gros gigot cuisait sur une broche. La conversation fut longue à démarrer, mais bientôt la curiosité céda la place à un intérêt chaleureux et une discussion animée balaya les dernières réserves. Les rares habitants de ces steppes préglaciaires n’avaient pas souvent la chance de croiser des inconnus, et cette rencontre inattendue alimenterait les conversations futures et pourvoirait en anecdotes le Camp du Faucon pour d’innombrables lunes. Ayla se lia d’amitié avec plusieurs personnes, notamment une jeune mère et sa petite fille, assez grande pour s’asseoir seule. Le bébé jouait et riait aux éclats, charmant tout le monde, Loup le premier.
Au début, la jeune mère vit d’un œil anxieux l’animal s’intéresser de près à son enfant, mais elle s’aperçut que la petite gazouillait de plaisir aux coups de langue amicaux du loup. En outre, Loup fit preuve d’une patience angélique lorsque l’enfant s’agrippa à sa fourrure et lui tira de pleines poignées de poils. Tous en furent très étonnés.
Les autres enfants mouraient d’envie de caresser Loup et bientôt il joua avec eux aussi. Ayla expliqua qu’il avait grandi parmi les enfants du Camp du Lion, et qu’il s’ennuyait probablement d’eux. Il avait toujours été particulièrement attentif aux plus jeunes ou aux plus faibles, et savait faire la différence entre l’étreinte trop fougueuse d’un bambin et les tiraillements de queue ou d’oreille malintentionnés des plus grands. Sa patience avec les premiers était admirable, et il gratifiait les autres d’un grognement d’avertissement, ou d’un coup de dent, qui, sans blesser, signalait qu’il valait mieux arrêter le jeu.
Jondalar raconta qu’ils venaient de quitter la Réunion d’Été. Rutan expliqua qu’eux-mêmes avaient été retardés par des réparations, sinon ils s’y seraient déjà rendus aussi. Il questionna Jondalar sur ses voyages, sur Rapide. Un cercle attentif les écoutait. On posait moins facilement des questions à Ayla, qui d’ailleurs ne les devançait pas. Le mamut aurait bien aimé la prendre à part, pour discuter avec elle de sujets plus ésotériques, mais Ayla préféra rester au Camp avec les autres. Même Celle Qui Ordonne était plus à l’aise, et lorsqu’Ayla regagna sa tente, elle demanda à Thurie de rappeler à ceux du Camp du Lion combien elle pensait à eux, quand elle arriverait à la Réunion.
Cette nuit-là, Ayla, songeuse, tarda à s’endormir. Elle était contente d’avoir surmonté l’impression causée par l’accueil inamical, et d’avoir rejoint le Camp. Une fois dépassée la peur de l’inconnu ou de l’étrange, ces gens avaient montré de la curiosité et une soif d’apprendre. Elle-même avait compris qu’en voyageant avec des compagnons aussi inhabituels, ils s’exposaient à des réactions violentes de ceux qu’ils croiseraient sur leur route. Elle ignorait ce qui l’attendait, mais sans aucun doute, ce Voyage serait plus aventureux qu’elle ne l’avait d’abord imaginé.
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Le lendemain matin, Jondalar avait hâte de partir mais Ayla voulut revoir ses amis au Camp des Fougères et malgré l’impatience de son compagnon, les adieux s’éternisèrent. Il était près de midi quand ils quittèrent enfin le Camp.
Les collines verdoyantes à travers lesquelles ils avaient chevauché depuis leur départ de la Réunion d’Été prirent de l’altitude. L’affluent qui descendait des hauteurs coulait avec davantage de vigueur que le fleuve sinueux et creusait dans le sol de lœss déposé par le vent un lit profond entre deux rives escarpées. Ils durent suivre l’affluent vers l’ouest, puis vers le nord-ouest, avant de trouver un gué.
Plu
s ils s’écartaient de leur direction, plus Jondalar devenait irascible et impatient. Il se demandait s’il ne devrait pas tout de même choisir la route du sud, plus longue, plutôt que celle du nord-ouest qu’on leur avait recommandée – à plusieurs reprises, il est vrai – et où la rivière semblait les conduire. Ce chemin ne lui était pas familier, mais si c’était un raccourci avantageux, sans doute valait-il mieux le prendre. Si seulement il était sûr d’atteindre ainsi avant le printemps le plateau du glacier, à la source de la Grande Rivière Mère, il n’hésiterait même pas.
Cela impliquait qu’il abandonnât l’idée de revoir une dernière fois les Sharamudoï, mais était-ce si important ? Il dut s’avouer qu’il en brûlait d’envie, il avait tellement espéré ces retrouvailles. Il s’efforçait de faire la part des choses : sa décision d’emprunter la route du sud se justifiait-elle par son désir de prendre un chemin familier, et donc d’arriver à bon port avec Ayla, ou par l’envie de revoir un peuple qu’il considérait comme sa seconde famille ? Les conséquences possibles d’un mauvais choix l’inquiétaient.
Ayla interrompit les méditations de Jondalar.
— Regarde, Jondalar, déclara-t-elle. Je crois que nous pouvons traverser ici, la rive d’en face paraît facile à gravir.
Ils étaient parvenus à un coude de la rivière, et ils s’arrêtèrent pour examiner la situation. De leur côté, le courant bouillonnant avait creusé une berge escarpée, mais en face, la rive intérieure du méandre s’élevait en pente douce, étroite plage d’alluvions grisâtres bordées de broussailles ?
— Crois-tu que les chevaux pourront descendre par ici ?
— Oui, je pense, répondit Ayla. L’eau doit avoir creusé profond de ce côté-ci. Il est impossible de deviner si les chevaux devront nager ou non. Alors, peut-être est-il préférable de mettre pied à terre et de traverser à la nage, nous aussi. Si ce n’est pas trop profond, s’empressa-t-elle d’ajouter en voyant la mine contrariée de Jondalar, les chevaux nous porteront de l’autre côté. J’ai horreur de mouiller mes vêtements, mais je n’ai vraiment pas envie de les ôter pour nager.