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La Vallée des chevaux Page 2
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Maintenant que les steppes renaissaient à là vie, elle avait de moins en moins besoin de puiser dans les réserves de nourriture qu’elle avait emportées avec elle et commençait à vivre sur le pays. Cette activité la ralentissait à peine : comme toutes les femmes du Clan, elle avait appris à cueillir des fleurs, des feuilles, des bourgeons et des baies tout en continuant à marcher. Pour déterrer rapidement les racines et les bulbes, elle se servait d’un bâton à fouir. Il s’agissait d’une branche débarrassée de ses rameaux et de ses feuilles et dont une des extrémités avait été taillée en pointe avec une lame en silex. La cueillette lui semblait facile maintenant qu’elle n’avait plus qu’elle à nourrir.
En plus, elle avait un avantage sur les autres femmes du Clan : elle pouvait chasser. Uniquement avec une fronde, bien sûr ! Mais dans ce domaine, elle était de loin la plus habile du Clan. Les hommes eux-mêmes avaient été obligés de le reconnaître. Ils avaient eu beaucoup de mal à se faire à l’idée qu’une femme puisse chasser et Ayla avait payé très cher le droit d’user de ce privilège.
Quand les écureuils fossoyeurs, les hamsters géants, les grandes gerboises, les lapins et les lièvres quittèrent leurs gîtes d’hiver, attirés par l’herbe tendre, elle reprit l’habitude de porter sa fronde suspendue à la lanière en cuir qui tenait sa fourrure fermée, à côté de son bâton à fouir. En revanche, son sac de guérisseuse était comme toujours accroché à la ceinture du vêtement qu’elle portait sous sa fourrure.
Si la nourriture était abondante, il était un peu plus difficile de trouver du bois et de faire du feu. Les buissons et les arbres qui s’efforçaient de pousser le long des cours d’eau saisonniers fournissaient à Ayla du bois mort. Elle trouvait aussi sur place des excréments d’animaux. Mais cela ne suffisait pas pour faire du feu chaque soir. Parfois, au moment où elle s’arrêtait, elle ne trouvait pas le bois dont elle avait besoin, ou alors celui-ci était vert ou humide. Il arrivait aussi qu’elle soit trop fatiguée pour avoir le courage d’allumer un feu.
Dormir en plein air, sans feu pour se protéger, ne lui souriait guère. Les vastes prairies qu’elle traversait attiraient de grands troupeaux d’herbivores dont les rangs étaient décimés par toutes sortes de prédateurs. Seul un feu pouvait les tenir à distance. Les membres du Clan le savaient et, lorsqu’ils voyageaient, l’un d’eux avait le privilège de transporter un charbon ardent qui, chaque soir, servait à allumer un nouveau feu. Jusqu’alors, Ayla n’avait pas eu l’idée de faire la même chose. Et quand elle y pensa, elle se demanda pourquoi elle n’y avait pas songé plus tôt.
Même en utilisant une drille à feu et une sole en bois, il était très difficile d’allumer un feu quand le bois était vert ou humide. Le jour où elle trouva un squelette d’aurochs, elle se dit que le problème était résolu.
La lune avait à nouveau parcouru un cycle complet et la chaleur de l’été était en train de remplacer l’humidité printanière. Ayla traversait toujours la large plaine côtière qui descendait en pente douce vers la mer intérieure. Les limons charriés par les inondations saisonnières formaient de larges estuaires barrés en partie par des amas de sable, ou même des mares et des étangs.
C’est au bord d’un petit étang de ce genre qu’Ayla s’arrêta au milieu de la matinée. La veille, elle n’avait pu camper près d’un cours d’eau et sa gourde était presque vide. L’eau semblait stagnante et elle n’était pas sûre qu’elle fût potable. Elle y plongea la main, goûta une gorgée et recracha aussitôt le liquide saumâtre. Puis elle se rinça la bouche avec l’eau de sa gourde.
Est-ce que l’aurochs a bu de cette eau ? se demanda-t-elle en remarquant le squelette blanchi que prolongeait une longue paire de cornes effilées. Puis elle s’empressa de quitter ces eaux croupies où la mort semblait encore rôder. Mais elle ne réussit pas à chasser l’aurochs de ses pensées : elle avait beau s’éloigner, elle continuait à penser à ce squelette et à ses longues cornes incurvées.
Il était près de midi quand elle s’arrêta au bord d’un ruisseau. Elle décida alors de faire du feu pour cuire le lapin qu’elle venait de tuer. Assise au soleil, elle était en train de faire tourner entre ses paumes la drille à feu sur la sole en bois quand elle se surprit à souhaiter que Grod soit là pour lui tendre le charbon ardent enveloppé de mousse ou de lichen qu’il transportait toujours dans une... corne d’aurochs !
Elle sauta aussitôt sur ses pieds, rangea la drille et la sole dans son panier, plaça le lapin par-dessus et rebroussa chemin. Arrivée au bord de l’étang, elle s’approcha du squelette et commença à tirer sur une de ses cornes.
Mais soudain, elle fut prise de remords : dans le Clan, les femmes n’avaient pas le droit de transporter le feu ! Si je ne le fais pas, qui le fera à ma place ? se demanda-t-elle. Et, d’un coup sec, elle détacha la corne. Puis elle se dépêcha de quitter les lieux comme si le simple fait de penser à l’acte interdit avait suffi pour qu’elle sente braqués sur elle des regards désapprobateurs.
Il y avait eu une époque où, pour pouvoir vivre au sein du Clan, il avait fallu qu’elle se conforme à un mode de vie qui ne correspondait pas à sa nature. Maintenant, si elle voulait rester en vie, il fallait au contraire qu’elle surmonte les interdits de son enfance et qu’elle pense par elle-même. La corne d’aurochs était un premier pas dans cette direction et le signe qu’elle était sur la bonne voie.
Ayla se rendit compte très vite que le fait d’avoir une corne d’aurochs n’était pas suffisant, en soi, pour transporter du feu. Le lendemain matin, quand elle voulut ramasser de la mousse sèche pour envelopper le charbon ardent, elle s’aperçut qu’il n’y en avait nulle part. La mousse, si abondante dans les sous-bois autour de la caverne, ne poussait pas dans les steppes, faute de l’humidité nécessaire. Finalement, elle enveloppa le charbon dans de l’herbe. Mais quand elle voulut s’en resservir, la braise s’était éteinte. Elle ne se découragea pas pour autant. Plus d’une fois, elle avait recouvert le feu de cendres pour qu’il dure toute la nuit. Elle savait donc en gros comment s’y prendre. Après moult essais et échecs, elle trouva le moyen de conserver le feu d’un campement à l’autre. Elle portait la corne d’aurochs accrochée à sa ceinture, à côté de son sac de guérisseuse.
Depuis plusieurs jours, Ayla remontait un fleuve trop large pour être traversé à pied. Plus elle avançait, plus le fleuve s’élargissait et, après un brusque crochet, il se dirigeait nettement vers le nord-est.
La jeune femme était trop éloignée maintenant pour risquer de rencontrer les chasseurs du clan de Broud. Malgré tout, elle ne voulait pas aller vers l’est : l’est, c’était le retour vers le Clan. Il n’était pas question non plus qu’elle s’installe dans les vastes plaines qui bordaient le fleuve. Il fallait donc qu’elle trouve un moyen de traverser.
Excellente nageuse, elle aurait très bien pu franchir le fleuve à la nage. Malheureusement, avec un panier sur la tête, la chose devenait impossible. Que faire ?
Elle était assise à l’abri d’un arbre mort dont les branches dénudées traînaient dans l’eau. Le soleil de l’après-midi se reflétait dans le mouvement incessant du courant qui, de temps en temps, charriait quelques débris. Cela lui rappelait le cours d’eau qui coulait près de la caverne. A l’endroit où il se jetait dans la mer intérieure, il regorgeait de saumons et d’esturgeons que le clan pêchait. Ayla allait souvent y nager en dépit des craintes d’Iza. Elle avait toujours su nager bien que personne ne lui ait appris.
Je me demande pourquoi les gens du Clan n’aiment pas nager, pensa-t-elle. Ils disaient toujours que pour m’éloigner autant de la rive, il fallait que je ne sois pas comme les autres. Jusqu’au jour où Ona a failli se noyer...
Ce jour-là, tout le monde lui avait été reconnaissant d’avoir sauvé la petite fille. Brun l’avait même aidée à sortir de l’eau. Elle avait eu l’impression que les membres du Clan la considéraient enfin comme une des leurs. Le fait que ses jambes ne soient pas arquées, qu’elle soit trop mince et trop grande, qu’elle ait les cheveux blond
s, les yeux bleus et un haut front, soudain tout cela n’avait plus eu d’importance. Après qu’elle eut sauvé Ona de la noyade, certains membres du Clan avaient essayé d’apprendre à nager. Mais ils n’y étaient pas vraiment arrivé ils flottaient difficilement et prenaient peur dès qu’ils perdaient pied.
Durc pourrait-il apprendre à nager ? se demanda Ayla. Quand il est né, il était moins lourd que les bébés du Clan et il ne sera jamais aussi musclé que la plupart des hommes. Oui, il y a des chances qu’un jour il puisse nager.
Mais qui lui apprendra ? Uba l’aime autant que s’il était son propre fils et elle prendra soin de lui mais elle ne sait pas nager. Brun non plus. Il lui apprendra à chasser et le prendra sous sa protection. Il ne laissera pas Broud lui faire du mal. Il me l’a promis au moment de mon départ.
Est-ce que Broud est responsable du fait que Durc ait grandi à l’intérieur de mon ventre ? se demanda encore Ayla qui se rappelait en frissonnant comment Broud l’avait forcée. Iza disait que les hommes font ça aux femmes qu’ils aiment mais Broud a agi ainsi parce qu’il savait que je le haïssais. Tout le monde dit que ce sont les esprits des totems qui mettent en route les bébés. Mais aucun homme du Clan ne possédait un totem assez fort pour vaincre mon Lion des Cavernes. Pourtant, ce n’est qu’après avoir été violée par Broud que je suis tombée enceinte. Et tout le monde a été surpris : on pensait que je n’aurais jamais de bébé.
J’aimerais bien voir Durc quand il sera devenu adulte. Il était déjà grand pour son âge, comme moi, et il dépassera tous les hommes du Clan, j’en suis sûre...
Non ! je n’en sais rien ! Et je ne le saurai jamais ! Jamais je ne reverrai mon fils.
Arrête de penser à lui ! s’intima-t-elle en ravalant ses larmes et, quittant l’endroit où elle était assise, elle s’approcha du bord de l’eau.
Plongée dans ses pensées, Ayla n’avait pas remarqué le tronc d’arbre fourchu qui flottait tout près de la rive. Quand celui-ci se trouva emprisonné dans l’enchevêtrement des branches mortes qui se déployaient au ras de l’eau, elle lui jeta un coup d’œil indifférent. Il roulait d’un côté et de l’autre pour se libérer, sous le regard absent d’Ayla. Soudain, elle le vit vraiment et découvrit du même coup tout ce qu’elle pouvait en tirer.
Elle s’avança dans l’eau et hissa le tronc sur la rive. Il s’agissait de la partie supérieure d’un arbre de belle taille qui avait dû être coupé net par une violente inondation en amont du fleuve et qui n’était pas encore trop imbibé d’eau. Ayla fouilla dans un des replis de son vêtement en peau pour en sortir son coup-de-poing. A l’aide de l’instrument, elle coupa la plus longue des deux branches afin qu’elle ait à peu près la même taille que l’autre, puis elle les élagua toutes les deux.
Après avoir jeté un coup d’œil autour d’elle, elle se dirigea vers un bosquet de bouleaux couvert de clématites. Elle tira sur la plante pour en détacher une jeune tige, souple et résistante. Tout en la débarrassant de ses feuilles, elle revint sur ses pas et s’approcha de son chargement. Elle commença par étendre sa tente en peau sur le sol, puis y vida le contenu de son panier. Le moment était venu de dresser l’inventaire de ce qu’elle possédait et de tout ranger à nouveau.
Au fond du panier, elle plaça ses jambières, ses moufles en fourrure, ainsi que le vêtement en peau retourné dont elle n’aurait pas besoin avant l’hiver prochain. Où serai-je à ce moment-là ? se demanda-t-elle en marquant un temps d’arrêt. Balayant d’un geste cette question à laquelle elle ne pouvait pas répondre, elle continua son rangement. Mais à nouveau elle s’arrêta à la vue de la couverture en cuir souple dans laquelle elle plaçait Durc, petit, pour le transporter confortablement calé contre sa hanche.
Pourquoi l’avait-elle emportée ? Elle n’était pas indispensable à sa survie. Mais elle n’avait pas voulu s’en séparer, elle était comme imprégnée de son fils. Après avoir pressé la peau douce contre sa joue, elle la plia avec soin et la rangea au fond du panier. Par-dessus, elle plaça les bandes en peau absorbante qu’elle utilisait pendant ses règles. Puis elle ajouta sa seconde paire de chausses en peau. Elle marchait maintenant pieds nus et ne se chaussait que quand il faisait froid ou humide. Mais elle se félicitait d’avoir emporté les deux paires car elle en avait déjà usé une.
Elle s’occupa ensuite de ses réserves de nourriture. Il lui restait encore une portion de sucre d’érable emballée dans une écorce de bouleau. Elle en cassa un morceau et le mit dans sa bouche en se demandant si elle aurait à nouveau l’occasion de manger du sucre d’érable quand celui-ci serait fini.
Elle avait encore plusieurs galettes de voyage, de celles que les hommes du clan emportaient quand ils partaient chasser, faites d’un mélange de graisse fondue, de viande séchée broyée et de fruits secs. En pensant à la graisse qu’elles contenaient, l’eau lui vint à la bouche. La plupart des animaux qu’elle tuait avec sa fronde ne fournissaient que de la viande maigre et, si elle n’avait pas pu équilibrer ses menus grâce aux végétaux qu’elle cueillait, ce régime ne lui aurait pas permis de vivre longtemps. La graisse, sous quelque forme que ce soit, était nécessaire à sa survie.
Malgré son envie d’en manger une, elle rangea les galettes de voyage dans son panier sans y toucher : mieux valait les garder pour le jour où elle en aurait vraiment besoin. Elle y ajouta les tranches de viande séchée qui lui restaient – aussi dures que du cuir mais nourrissantes –, quelques pommes sèches, une poignée de noisettes, quelques petits sacs de grains ramassés dans les hautes herbes des steppes autour de la caverne et jeta un tubercule pourri. Par-dessus la nourriture, elle posa son bol, son capuchon en fourrure et la paire de chausses usée.
Après avoir détaché de sa ceinture son sac de guérisseuse, elle caressa la peau de loutre brillante et imperméable et sentit sous ses doigts les os des pattes arrière et de la queue. La peau de l’animal avait été incisée à la hauteur du cou. Une lanière en cuir, enfilée à cet endroit, permettait de fermer le sac et la tête de la loutre, toujours attachée au dos et étrangement aplatie, servait de rabat. Iza avait fait ce sac pour elle-même et Ayla en avait hérité le jour où elle était devenue à son tour la guérisseuse du Clan.
Ce sac en loutre lui rappelait son premier sac de guérisseuse, fabriqué lui aussi par Iza, et que Creb avait brûlé, il y a bien des années de cela, lorsqu’elle avait été maudite pour la première fois. Brun avait été obligé d’agir ainsi : les femmes du Clan n’avaient pas le droit d’utiliser des armes et cela faisait des années qu’Ayla se servait en cachette d’une fronde. Malgré tout, Brun lui avait donné une chance de revenir – à condition qu’elle soit capable de rester en vie.
Ce jour-là, il a fait plus que de me donner une chance, songea Ayla. Si je n’avais pas su à quel point le fait d’être maudite pouvait donner envie de mourir, peut-être n’aurais-je pas réussi à rester en vie lorsque Broud à son tour m’a chassée. Même s’il m’a été très difficile de quitter Durc pour toujours, la malédiction de Broud m’a moins touchée que la première. Le jour où Creb a brûlé tout ce qui m’appartenait, j’ai vraiment voulu mourir.
Elle avait aimé Creb, le frère de Brun et d’Iza, au moins autant qu’Iza. Comme il lui manquait un œil et la moitié d’un bras, il n’avait jamais pu chasser mais il était de loin le plus grand magicien de tout le Clan : Mog-ur, craint et respecté de tous. Son vieux visage, borgne et défiguré par une cicatrice, inspirait de l’effroi aux chasseurs les plus courageux. Mais Ayla savait qu’il pouvait aussi refléter une grande douceur. Creb l’avait protégée, s’était occupé d’elle et l’avait aimée comme si elle était la fille de la compagne qu’il n’avait jamais eue.
La mort d’Iza remontait à trois ans, elle avait donc eu le temps de s’y faire. Et, même si elle était séparée de son fils, elle savait qu’il était toujours vivant. Mais la mort de Creb était si récente...
La douleur qu’elle avait gardée au fond d’elle-même depuis le tremblement de terre qui avait tué le vieux magicien resurgit soudain. « Creb... Oh
, Creb ! cria-t-elle. Pourquoi es-tu retourné dans la caverne ? Pourquoi fallait-il que tu meures ? »
Éclatant en sanglots, elle enfouit son visage dans la fourrure de son sac, puis elle poussa un gémissement aigu, venu du plus profond d’elle-même. Elle se mit alors à se balancer d’avant en arrière et son gémissement se transforma en une lamentation funèbre qui exprimait son angoisse, son chagrin, son désespoir. Mais il n’y avait personne pour se lamenter avec elle et partager son chagrin. Elle était seule avec sa peine et elle pleurait sur sa propre solitude.
Quand ses sanglots et ses gémissements se calmèrent, elle était épuisée, mais comme délivrée. Au bout d’un moment, elle s’approcha de l’eau et se rafraîchit le visage. Puis elle rangea son sac de guérisseuse dans le panier sans en vérifier le contenu qu’elle connaissait parfaitement. La douleur qu’elle avait éprouvée un peu plus tôt avait maintenant fait place à la colère. Broud ne me fera pas mourir ! dit-elle en jetant rageusement son bâton à fouir.
Puis elle respira à fond et s’approcha à nouveau de son panier. Après y avoir rangé sa drille à feu, sa sole en bois et la corne d’aurochs, elle fouilla dans un des replis de son vêtement et en sortit quelques outils en silex. Dans un autre repli se trouvait un caillou rond qu’elle lança en l’air avant de le rattraper dans le creux de sa main. A condition d’avoir la bonne taille, n’importe quel caillou pouvait être projeté avec une fronde. Mais le tir était bien plus précis lorsqu’on utilisait des projectiles ronds et lisses. Ayla en avait toujours quelques-uns d’avance et elle décida que mieux valait les garder.
Ensuite, elle prit sa fronde, une bande en peau de daim, renflée au milieu pour servir de logement à une pierre et dont les longues extrémités effilées étaient entortillées par l’usage, et la posa à côté des cailloux. Puis elle défit la longue lanière en cuir qui retenait son vêtement en peau de chamois. Cette lanière était enroulée autour d’elle de manière à faire des plis à l’intérieur desquels elle transportait toutes sortes de choses et quand elle l’eut dénouée, la peau de chamois tomba sur le sol. Elle ne portait plus qu’un petit sac suspendu par un cordon autour de son cou – son amulette. Quand elle passa le cordon par-dessus sa tête, elle frissonna : sans amulette, elle se sentait vulnérable. Pour se rassurer, elle toucha du doigt les petits objets durs placés au fond du sac.